De La Protection De Notre Premier Outil : Notre Oreille., Le MP3 mutile le son et l'audition |
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Tue 9 Sep 2008, 20:33
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Maniac Member
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Le MP3 mutile le son et l'audition LE MONDE 2 | 29.08.08 | 16h47 • Mis à jour le 29.08.08 | 18h08
"Tous ceux qui n'ont pas renoncé aux plaisirs de la fête ont déjà fait l'expérience suivante au moins une fois : dans un appartement peuplé d'une cinquantaine de personnes consommant des boissons fortes, plusieurs jeunes gens, DJ d'un soir, rivalisent aux "platines". Ce n'est certes pas nouveau. Mais un ou deux détails signalent qu'on a radicalement changé d'époque. D'abord, les ordinateurs portables, laptops, et autres clés USB ont remplacé les platines vinyles qui avaient pourtant connu une nouvelle jeunesse il y a quelques années. Ensuite, le volume est beaucoup plus fort. Et surtout personne ne danse : un comble. Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? La réponse pourrait tenir en deux lettres et un chiffre : MP3. Ce nouveau standard audio qui s'est imposé de fulgurante manière en quelques années a déjà suscité une abondance de commentaires. Si l'on en croit les majors du disque, il serait responsable à lui seul de la mort du CD, de plans sociaux plus saignants qu'une série B hollywoodienne –et pourquoi pas du réchauffement climatique, de la pollution des océans ou des déséquilibres géostratégiques, tant qu'on y est ?
Car tous absolument tous les débats qu'a suscités cette nouvelle forme de partage de la musique ne se sont focalisés que sur les problèmes juridiques qu'elle soulève : droit d'auteur, propriété intellectuelle, piratage ou "téléchargement légal". Emblème d'une victoire de la raison économique, le MP3 était la technologie idéale pour oublier tous les autres problèmes esthétiques, techniques et sanitaires que cette nouveauté posait pourtant. Et qui continuent de se poser. Voici pourquoi et comment.
CULTE DU "BEAU SON"
L'homme qui parle dans ce café du 9e arrondissement de Paris n'est pas un passéiste crispé sur le bon vieux temps. Amateur éclairé de chansons françaises, animateur de la belle petite revue Je chante, Raoul Bellaïche ne peut réfréner une certaine nostalgie : "Je me souviens bien de cette période où la hi-fi coûtait assez cher mais où le grand public était prêt à des sacrifices financiers pour un bon équipement. Et puis tout a basculé en cinq ou six ans. Très peu de gens ont noté que l'arrivée du MP3 marque la première fois qu'un retour en arrière est présenté comme un progrès. Tout le monde s'est habitué, y compris moi, parce que c'est très pratique."
Pratique : le mot est lâché. Evidemment, avant, c'était moins pratique : le culte de la hi-fi et du "beau son", partagé par un grand nombre d'auditeurs mélomanes ou pas, supposait l'acquisition d'un matériel souvent volumineux et les sacrifices financiers qui allaient avec. La diversité de l'offre comblait cette demande : dans toutes les gammes de prix, les fabricants proposaient des appareils dédiés, qu'on mariait les uns aux autres avec cette illusion naïve et belle de toucher à la meilleure reproduction sonore possible. L'audiophilie de papa, c'était ça : la sensation qu'en appariant tel tourne-disque à tel ampli et tel câble à telle paire d'enceintes, on devenait le metteur en scène d'un film domestique dont le titre avait été inventé par ECM, célèbre label de jazz européen : "Le plus beau son après le silence "…
Ce temps-là semble révolu. L'auditeur d'autrefois, pour qui l'écoute était une activité noble à laquelle il sacrifiait du temps, a laissé la place à une "écoute nomade" de la musique. En permettant de stocker dans un espace physique réduit une quantité énorme de musique, le MP3 a inventé une chose toute nouvelle : l'accumulation furtive. C'est-à-dire la capacité à posséder toujours plus de musique mais à en profiter toujours moins, puisque désormais le temps de l'écoute se superpose à d'autres occupations.
Le fantôme de la gratuité a parachevé le tableau d'une avancée technique que tout le monde ou presque s'accorde à trouver bonne. Ceux qui osent émettre la moindre critique à son égard sont promptement assurés de se voir flétrir de l'épithète "réactionnaire" sur l'air bien connu du "c'était mieux avant". Pourtant, il se pourrait que, dans le cas qui nous occupe, ce fût vraiment mieux avant. Et que ça pourrait être beaucoup mieux demain.
PERTE DE QUALITÉ DRASTIQUE
C'est quoi, au juste, le MP3 ? Juste un format d'encodage des données audio permettant de diviser par dix le poids d'un fichier informatique. Ainsi dématérialisée, la musique peut circuler plus vite d'ordinateur à — baladeur numérique. Mais au prix d'une mutilation indiscutable du signal d'origine et d'une perte de qualité drastique. C'est ce qu'explique Lionel — Risler, l'un des ingénieurs du son les plus respectés pour son travail d'orfèvre en matière de restauration d'anciens enregistrements : "Dans le cas du MP3, on choisit arbitrairement d'enlever du signal tout ce qui est prétendument superflu. Mais sur des critères très discutables. On réduit les informations pour gagner de la place de stockage. Au départ, le MP3 n'a été conçu que pour accélérer les flux des données sur Internet. Et puis on a ouvert la boîte de Pandore, puisque cette circulation s'est faite sans aucune règle."
Cette compression des données, qui a aussi ses partisans, s'ajoute à un autre traitement du son, pratiqué depuis bien longtemps dans les musiques populaires : la compression dynamique. Schématiquement, la compression dynamique consiste à relever les niveaux faibles et à abaisser les niveaux forts, bref à gommer les contrastes qui donnent tout son relief à la musique. L'intérêt ? Réduire le volume d'informations, en vue d'un stockage ou d'une diffusion sur une bande passante limitée radio ou Internet par exemple, tout en induisant une sensation de puissance sonore, partiellement artificielle.
"L'oreille n'est pas éduquée à recevoir des signaux compressés, explique David Argellies, un jeune acousticien qui par ailleurs apprécie le "gros son". Les radios de jeunes sont plus fatigantes à niveau équivalent, parce que l'oreille est habituée à percevoir de forts contrastes dynamiques. Et la compression a tendance à la flouer. C'est comme une illusion d'optique. A l'écoute d'une musique compressée, déjà perçue comme plus forte , on aura tendance à augmenter le volume pour retrouver du contraste."
En outre, le volume moyen d'un son dynamiquement compressé peut être réellement plus élevé. Car pour réduire l'écart des variations d'une musique, il faut choisir un volume de référence; et si c'est le volume maximal du morceau qui est choisi, les niveaux faibles sont considérablement augmentés pour atteindre la diminution d'amplitude souhaitée. "Prenez la publicité à la télévision, note David Argellies. On la perçoit comme plus forte , car elle est plus compressée donc plus agressive."
Lorsqu'on parle d'agression, on aborde un terrain évidemment sujet à toutes les polémiques, mais qui ne peut pas se réduire à un combat d'anciens contre modernes ou à une croisade contre la musique de jeunes. Car depuis quelque temps, nombreux sont les scientifiques, parfois jeunes, qui tirent la sonnette d'alarme sur les conséquences sanitaires déplorables que ces nouveaux modes d'écoute auront inévitablement sur les nouvelles générations.
Bernard Janssen, chirurgien ORL et chanteur lyrique de haut niveau – il a fait carrière sous le nom de Bernard Sinclair – est sans doute l'un des mieux placés pour analyser le phénomène : "Les gens qui écoutent de la musique dans le métro sont obligés de pousser le volume pour couvrir le bruit ambiant. C'est terrible, car ils peuvent s'envoyer jusqu'à 140 décibels dans les oreilles, alors que le seuil de douleur se situe à 120. Jusqu'à 70, ça va encore. Certains chanteurs lyriques peuvent développer 130 décibels sans souci pour leur oreille, parce qu'ils projettent le son et qu'il y a des défenses physiologiques. Mais il suffit d'une seule exposition à ce volume pour subir un traumatisme qui débouchera sur une surdité. C'est le traumatisme aigu. Il existe un traumatisme chronique, repérable chez les ouvriers de chantier mais aussi chez les gens qui écoutent trop fort leurs baladeurs. C'est beaucoup plus insidieux car plus on perd l'audition, plus on monte le volume."
C'est désormais un fait acquis : la compression dynamique, appliquée à l'écrasante majorité des musiques actuelles, ne fait qu'aggraver les nuisances déjà bien connues d'un volume sonore excessif. Et cela vaut aussi pour les musiques apparemment les plus "douces". C'est ainsi que deux chercheurs amateurs de rock, Yann Coppier et Thierry Garacino, se sont livrés à de savantes mesures sur l'évolution de la compression dynamique en trente ans. Le résultat est édifiant : le morceau Rock and Roll de Led Zeppelin, perçu au début des années 1970 comme l'une des choses les plus violentes jamais enregistrées, n'est que faiblement compressé en comparaison de… Quelqu'un m'a dit, premier tube de Carla Bruni.
C'est toute la perversité des traitements modernes du son : la ballade un peu douceâtre de la désormais première dame de France se révèle, dans la froide objectivité des mesures scientifiques, bien plus dommageable pour l'appareil auditif que l'hymne hard rock de Led Zeppelin. Avec la compression, "on transforme la chaîne des Alpes en volcans d'Auvergne", résume assez joliment Yves Cochet, concepteur historique de systèmes haute-fidélité de pointe.
RÉAPPRENDRE À ÉCOUTER
Mais la disparition des contrastes n'est pas seulement une violence esthétique faite à la vérité musicale, c'est aussi un véritable risque sanitaire dont les scientifiques commencent à prendre la mesure. Des études récentes ont montré qu'un appareil auditif désaccoutumé aux contrastes dynamiques ne pouvait que perdre de son acuité, et ce même à bas volume. Le spectre d'une pandémie de surdité précoce est-il à redouter ?
"Je vois arriver des jeunes de 18 ou 20 ans qui développent déjà de belles surdités, résume avec fatalisme Bernard Janssen. Je suis très alarmiste et je le dis clairement : il faudra légiférer. Je ne suis pourtant pas très optimiste : dans une époque si soucieuse de liberté individuelle, chacun est évidemment libre de devenir sourd".
Réapprendre à écouter, sensibiliser à la qualité du son plutôt qu'à la quantité seront sans doute les seules solutions pour éviter une crise sanitaire majeure. A moins que, d'ici peu, ne s'inventent de nouvelles technologies plus respectueuses de la santé publique que la — compression dynamique et le MP3. Qui demeure, de l'avis général des spécialistes, le pire standard de toute l'histoire de la musique enregistrée."
Gilles Tordjman
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Replies
(40 - 44)
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Thu 25 Sep 2008, 20:48
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Les gars je suis désolé mais je n'ai rien entendu de ce que vous dites !!! Vous pouvez parler plus fort ???
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Sat 27 Sep 2008, 12:02
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SuperHero
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Citation (Berhu N°2 @ jeu 25 sep 2008, 19:01) Citation (jrozen @ mer 24 sep 2008, 09:30) A croire que ces ingénieurs du son n'ont jamais eu l'idée d'aller écouter leur enregistrement dans des conditions d'utilisation "bourgeoises", et que leur seul but était de se faire plaisir avec une dynamique battant des records.... Ne cherchaient-ils à reproduire le plus fidèlement possible ce qu'ils entendaient? Je crois que le problème réside dans la question: "Peut on reproduire sur un système d'écoute domestique, une musique à très large dynamique qui est faite pour être jouée dans une salle adéquate (acoustique), par un grand nombre de musiciens (cas des symphonies and co), et dans un silence complet"?.... A mon sens, la réponse est oui mais non. L'auditeur lambda qui écoutera une symphonie à très large dynamique sur sa chaine stéréo de moyenne qualité (ampli comme enceinte) dans un environnement type appartement ou même maison de campagne ne pourra profiter pleinement de la symphonie qu'à un volume relativement (très) élevé. Précisément pour apprécier les passages les plus calmes... Ce qui est assez risqué pour la paix sociale en milieu urbain. J'ai d'ailleurs une voisine un peu folle qui aime à écouter l'opéra à plein volume, sans doute pour en saisir toutes les nuances, et la grogne monte dans l'immeuble... De la à dire que les mixeurs de musique classique ne font pas leur boulot (si tant est qu'il y est vraiment du mixage sur de la musique classique et non 85% du boulot fait à la prise), c'est un pas qu'il faut sans doute se garder de franchir, mais la question mériterait quand même d'être posée: faudrait il réduire la dynamique en musique classique pour adapter celle-ci à l'écoute domestique?...
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Bye bye.
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Sat 27 Sep 2008, 13:07
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Citation (PomQ @ sam 27 sep 2008, 12:02) faudrait il réduire la dynamique en musique classique pour adapter celle-ci à l'écoute domestique?... Peut-être.... Mais cela entrainerait quand même une modification de l'écriture de l'oeuvre, ou du moins de son interprétation. Et tout ça dans le seul but de coller avec des exigences techniques, qui n'étaient bien sur pas anticipées par les grands compositeurs de l'époque. Les variations d'intensité dans la musique classique sont bien sur d'une extrême importance tant elles font partie de l'identité même de l'oeuvre. La "narration" en serait faussée si la plage de dynamique venait à se resserrer. De la même manière qu'on ne peut (presque) pas avoir de cinéma à la maison, on ne peut définitivement pas avoir de "Home Opera" . Les concessions se situent idéalement dans notre façon d'écouter de la musique classique à la maison, et surement pas dans la musique en elle même..... Enfin, c'est mon avis, bien sur.
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Sun 28 Sep 2008, 00:17
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Citation (Djpheor @ sam 27 sep 2008, 13:07) ...cela entrainerait quand même une modification de l'écriture de l'oeuvre, ou du moins de son interprétation. Et tout ça dans le seul but de coller avec des exigences techniques, qui n'étaient bien sur pas anticipées par les grands compositeurs de l'époque. Houuuu Heuuuu.... Le compositeur qui écrit avec son crayon une œuvre (quelle que soit l'époque), donne des indications de nuances aux musiciens interprètes potentiels…. La dynamique sonore qui en résultera au moment du concert sera tributaire (dans de grandes proportions) de la qualité des dits interprètes et des rapports de balances et de nuances qui auront pu être déterminées pendants les répétitions… En d'autres mots : la même œuvre, interprétée par le LSO (London Symphonic Orchestra) et un orchestre de région, n'aura pas la même dynamique…. Et les "grands compositeurs" savaient parfaitement en tenir compte dans leur orchestration (doublures, triplures) De plus, la même œuvre, jouée dans une église, une salle ce concert ou en plein air et par le même orchestre n'aura pas les mêmes rendus de dynamique. Il n'y a donc pas d'inconvénient à adapter la dynamique d'une œuvre à son mode de reproduction, même à la maison ou dans sa voiture…. Et ce n'est en aucune sorte une trahison de l'œuvre...
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Plombier, DéZingueur de HP, ferblantier
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