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> Les Dj Abandonnent Leurs Disques Pour Les Fichiers Numériques
pval
post Fri 4 Jan 2008, 12:40
Post #1


Maniac Member
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Lu dans lemonde.fr


Les DJ avaient sauvé le disque vinyle à la fin des années 1980. Ils sont les premiers à l'enterrer définitivement le disque en ce nouveau siècle. Alors que les ventes de musique digitale peinent à décoller, les disc-jockeys se sont eux massivement convertis à la musique en fichiers. "Tout a vraiment basculé cet été, raconte DJ Chloé, dix ans de carrière entre Paris, Cologne, Londres ou Lisbonne. Jusqu'alors j'avais pu résister à la tendance du tout-numérique, mais c'est devenu impossible. Je ne reçois tout simplement presque plus de disques, CD ou vinyles."
Lors de l'édition 2007 du festival des Transmusicales de Rennes, début décembre, le vinyle était d'ailleurs porté disparu, ou presque. De Girl Talk, jeune DJ armé de son seul ordinateur portable, aux deux gamins italiens de Bloody Beetroots qui brandissaient leurs rares CD comme des reliques, il n'y en avait que pour le mixage numérique.
A l'origine de ce mouvement, le passage au digital de nombreux labels face à la baisse des ventes depuis le début des années 2000. Presser des quantités de vinyles pour assurer la promotion d'un maxi qui se vendra en moyenne à 1 500 exemplaires devenait suicidaire. Sans compter les frais postaux. Le téléchargement permet de faire écouter le titre à tous les DJ du monde, en un clic.
Etienne de Crécy, DJ et producteur indépendant, s'est offert le plaisir d'une dernière pochette au format vinyle pour son nouveau maxi, Funk. "C'est la dernière fois, dit-il. Désormais, je me contenterai du fichier. Le support physique, même CD, n'est plus rentable. Et puis la musique en ligne permet aussi de sortir des projets qui n'auraient jamais vu le jour." Il vient ainsi de publier un concert de trente minutes qu'il a donné au château de Versailles en juin 2007. "Six titres, c'était trop court pour espérer sortir en CD. En téléchargement, ça vaut le coup."
Les DJ ont leurs boutiques en ligne : Beatport est la plus célèbre. L'équivalent des magasins très spécialisés qu'ils fréquentaient avant. Les morceaux ne sont pas en fichiers MP3, mais en MP4 ou WAV, des formats plus lourds, mais de meilleure qualité sonore. "La différence, c'est qu'on ne croise plus les copains", regrette Chloé.
"ON SE NOIE"
Elle télécharge beaucoup. A 2 ou 3 euros le morceau, c'est plus avantageux que les maxi vinyles qui contenaient pour 8 ou 10 euros trois ou quatre titres, dont certains ne plaisaient pas forcément. "Le plus perturbant, au départ, c'est la quantité de musique qui nous arrive sur l'ordinateur. Entre ce qu'on télécharge et ce que les labels envoient. On se noie véritablement, et pourtant notre métier nous apprend à écouter vite. Je commence tout juste à trouver mes repères."
La transition ne s'est pas faite sans douleur pour les plus anciens, mais le passage au CD avait préparé les esprits. Longtemps tabou dans la profession, le mix avec les CD s'est généralisé ces dernières années. Les DJ "commerciaux" ont été les premiers convertis.
Moins encombrant, le CD a aussi bénéficié des avancées techniques des platines professionnelles qui, tout en reproduisant les sensations d'un mix avec des disques vinyles, l'ont libéré de ses contraintes en lui ajoutant quelques atouts : possibilité de scratcher (une technique a priori indissociable du vinyle puisqu'il s'agit de faire crisser le diamant sur le sillon), calage au tempo automatique, possibilité de faire des boucles, de ralentir la vitesse sans changer de tonalité (et donc de mélanger des disques incompatibles auparavant).
LA BONNE OREILLE
Le mix numérique va encore plus loin. Le DJ peut séparer les pistes audio d'un morceau ou mélanger un nombre infini de sources sonores. Les platines sont désormais virtuelles, sur l'écran de l'ordinateur, pilotées par une petite console autonome.
"La véritable difficulté, explique Etienne de Crécy, c'est de se repérer dans sa discothèque numérique. Avec les vinyles ou les CD, on ne retenait pas les noms de morceaux, mais la couleur du disque, sa pochette. On écrivait des choses sur l'étiquette centrale, des aide-mémoire. Avec l'ordinateur c'est impossible. J'ai encore du mal à passer à cette étape."
Côté hip-hop, on ne rencontre guère de résistances. Des techniques qui nécessitaient des années d'apprentissage sont accessibles au premier venu. Reste à avoir la bonne oreille. Bien sûr, il y a les réfractaires, comme Jeff Mills, pionnier de la techno de Detroit, qui déclare régulièrement qu'il ne mixera jamais de CD, encore moins de fichiers numériques.
Figure du deejaying, Jeff Mills peut encore imposer ses choix, mais comme l'a remarqué Etienne de Crécy, les clubs ne renouvellent même plus les platines vinyles. "Souvent, elles sont rangées dans le placard, il faut demander de remplacer le diamant. A force, ça lasse."
Surtout, le mix numérique a un ultime allié de choix : la sciatique chronique qui fait des ravages chez les DJ à l'approche de la trentaine. Un sac de disques trop lourd vient encore d'avoir raison de Manu le Malin, grand nom de la techno hardcore, cloué au lit cet automne.
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Djpheor
post Fri 4 Jan 2008, 13:04
Post #2


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QUOTE (pval @ ven 4 jan 2008, 13:40) *
Des techniques qui nécessitaient des années d'apprentissage sont accessibles au premier venu.


C'est surtout ça qui est déplorable!!

Les platines sont devenues un instrument à part entière depuis un bout de temps, avec des virtuoses comme DJ Babu, Qbert, Rob Swift ou autres. Demandez leur si ils sont passés sur le vinyl timecodé pour leur routines!

Si il y a bien un milieu dans lequel on rencontrera toujours de la résistance à cette fin programmée du vinyl, c'est bien le hip hop.

Essayez donc de mettre vos mains sur un vrai et un faux vinyl et vous comprendrez tout de suite la différence, la subtilité du toucher et la réponse sans équivoque du format analogique. Et je parle meme pas du son en lui même (la très fameuse "chaleur"...).

Tous les scratcheurs, beats jugglers, et autres adeptes des techniques pointues du maniement du vinyl ne pourront jamais se séparer de leurs galettes fétiches.

La culture hip hop est riche de cette course à la rareté qui devient obsolète dès lors que l'on passe sur format numérique. Les heures, les jours voire les années à fouiller parmis les milliers de vinyls d'un vieux store dans une cave ou meme du Marché aux Puces sont un art de vivre pour le DJ (le fameux Diggin In The Crates...). On ne peut pas lui enlever ça du jour au lendemain.
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