Alors voilà,
Hier j'étais au boulot, à la Comédie Française et vers 16h, j'entends beaucoup d'agitation dans la salle.
Pour cause: environ 300 intermittents ont débarqué en force dans le théâtre, investi la salle, et interrompu une répétition pour occuper les lieux
Je jette un oeil par la fenêtre, il y en avait aussi 300-400 dehors qui manifestaient, plus beucoup de CRS, plus beaucoup, beaucoup de RG, plus un hélico en vol stationnaire au dessus du théâtre, plus un joli bouchon qui commençait à se former dans toutes les rues avoisinantes.
Je vais dans la salle pour essayer d'écouter et comprendre ce qui se disait.
J'en avais bien évidement une idée, mais je voulais comprendre précisement ce qui se passait.
Ca n'a pas été facile car ce mouvement était très spontanné, mais très désordonné.
Il y avait toutes sortes de messages qui passaient.
Après 2 heures de discussion très intéressante avec certains manifestants, voilà ce que j'ai compris des revendication.
Pour faire simple:
- Le statut des intermittents qui au même moment était en cours de révision au ministère de la Culture (jute à côté), ainsi que celui du régime général ASSEDIC
Mais aussi en vrac:
- Le problème de la SNCM et de l'intervention militaire spectaculaire
- Le problème des squatters expulsés
- L'étranglement du service public
- La situation de HP
- Le démantèlement de la Sécu
- etc..., etc...
Bref, que des questions sur lesquelles je me sens concerné, qui me préoccupent et m'inquiètent moi aussi tous les jours.
Dans le fond, je me suis dit que je ne pouvais qu'être d'accord avec tout ça.
Le problème, à mon TRES HUMBLE avis est plutôt dans la forme:
Un certain nombre (assez important) de ces intervenants étaient très aggressifs. Ils n'exprimaient pas tous les mêmes choses.
Je peux comprendre: il y avait une sorte de
désespoir et de ras le bol à mes yeux tout à fait compréhensible et justifié.
Mais au lieu de parler calmement, d'essayer d'expliquer au personnel du Français qui est composé à environ 95% de permanents dont un certain nombre ne connait pas (ou hélas se fout de) la situation des intermittents, tout est parti pendant 2/3 heures dans un gros mélange pas clair du tout.
Le résultat, c'est qu'ils se sont mis un certain nombre de comédiens et de techniciens à dos. Ce qui ne devait pas être le but de l'opération, je pense.
Par la suite et en discutant, j'ai compris en gros ce qui s'était passé:
Une délégation se serait rendue à la réunion qui se tenait au ministère entre DDdV, Borlo, les partenaires sociaux et le Medef pour remettre une proposition d'alternative au projet de loi.
Il aurait été répondu à cette déléguation que cette proposition serait mise à l'étude dans une prochaine réunion puisqu'ils avait interrompu et empéché les négociations qui étaient en cours, et que maintenant ils pouvaient repartir.
La délégation serait alors ressorti du ministère pour expliquer aux manifestant la nouvelle situation.
A partir de là, c'est moins clair, mais il semblerait qu'une bonne partie des manifestants, mécontents de s'être laissé "endormir" par les gens du ministère ait décidé d'investir le lieu symbolique le plus proche, la Comédie Française, le ministère étant archi surveillé et protégé par la police.
Parmi le personnel du théâtre, il y avait (heureusement) pas mal de personnes qui étaient intéréssé et soutenait à priori ce mouvement.
On a donc suivi les débat qui se tennaient dans la salle.
Il fut d'abord décidé au cours de cette l'AG improvisée d'occuper le théâtre sans limite de durée.
Mais progressivement, la salle s'est désemplie jusqu'à ce qu'il reste une bonne centaine de personnes. Les plus tenaces et convaincues qui ne voulaient pas lacher le morceau et attendaient les équipes de TV, espérant passer au 20h.
Vers 20h30, on commençait à entendre dire que les CRS s'équipaient pour procéder à l'évacuation du théâtre. Mais rien...
Vers 22h, les manifestants ont finalement décidé de quitter le théâtre, voyant que la police empéchait de laisser entrer les équipes TV.
Voilà.
Je ne sais trop pas quoi penser de tout ça
Je comprends parfaitement la motivation d'un tel mouvement. J'ai été intermittent. J'ai moi aussi dû batailler ferme au quotidien avec l'ASSEDIC pour maintenir mon statut jusqu'au jour ou je l'ai perdu.
J'ai bien conscience d'être maintenant un "planqué" d'une certaine manière.
J'ai quitté le navire
Je n'en suis pas fier tous les jours.
Je ne peux certainement pas critiquer ce mouvement.
Mais je me demande si une telle action peut vraiment faire bouger les choses auprès de ces mastodontes innébranlables du gouvernement.
Et je me demande aussi s'il ne serait pas plus judicieux de mettre ce genre de coup de pied au c** aux politiques de gauche qui s'entre déchirent pour les présidentielles au lieu de travailler constructivement à un contre-pouvoir.
Décidement, ce n'est pas la joie
En tout cas, et pour finir d'une manière plus optimiste, chapeau à vous, les manifestants: je retiens quand même une chose de cette histoire: il ne faut pas s'endormir. Ca me redonne un peu d'espoir et l'envie d'être dans l'action plutôt que dans l'attente.
PS: J'assume complètement toutes mes éventuelles contradictions. Je suis ni bon ni mauvais, ni blanc, ni noir, etc...
Les Intermittents Envahissent La Comédie-française, Les médias pas au courant ???
Fri 30 Sep 2005, 11:14
